Retour à la version graphique



Vous êtes dans

Afterres2050, un scénario agricole

Dans le cadre de Lurrama, le 7 novembre, le directeur de SOLAGRO, Philippe POINTEREAU, a présenté la démarche Afterres 2050. L'objectif général de l'association d'ingénieurs est d'ouvrir d'autres voies pour gérer la production d'énergie et agricole de manière économe, solidaire et durable (énergie, biodiversité, eau, air,...). Plus précisément, le scénario Afterres 2050 compile des milliers de données pour avancer sur plusieurs questions, parmi lesquelles : est-il possible d'inverser la courbe des dégradations de notre agriculture sur l’environnement et la santé humaine ? Aurons-nous suffisamment de terres arables pour nourrir une population toujours plus nombreuse ?
Afterres2050, un scénario agricole

Philippe Pointereau, directeur de Solagro

Pour en savoir plus 

Une synthèse ou une présentation plus fouillée est accessible à partir du site de Solagro : www.solagro.org

SUR DES BASES ROBUSTES

Solagro a précédemment réalisé un scénario sur les questions énergétiques : Comment sortir des énergies fossiles et nucléaires ?

Forte de cette expérience, l'équipe s'est lancée dans le projet d'un scénario agricole. Il s'agit d'examiner s'il est possible de concilier des défis souvent jugés inconciliables : défi alimentaire, environnemental, climatique, énergétique...

Le cœur d'Afterres2050 est une matrice de modélisation. Le scénario est issu de 4 années de travaux et de débats avec des scientifiques mais aussi des acteurs de terrain. Il a été jugé crédible dans sa conception et son développement. Il permet donc d'engager le débat des transitions sur des bases robustes.

Intégrant les problématiques environnementales, énergétiques et climatiques, il étend son champ d'analyse à la forêt et à la pêche.

ASSIS SUR DES VALEURS

Le scénario a été construit sur la base des valeurs portées par Solagro :

  • La reconquête d'une part significative de la souveraineté alimentaire en France (nourrir les 72 millions d'habitants attendus) ;
  • La contribution à une alimentation saine et de qualité et la préservation de la santé des actifs travaillant dans l'agriculture ;
  • La réparation de l'environnement et du climat : reconquête de la qualité des eaux, des sols, de l'air... et restauration des écosystèmes ;
  • La recherche d'un meilleur équilibre avec le reste du monde. La grande majorité des continents ayant la capacité de se nourrir, produire pour exporter n'est envisagé qu'en direction des pays du pourtour méditerranéen pour lesquels cela semble impossible (croissance population trop forte par rapport à la disponibilité en terres agricoles).

LES HYPOTHÈSES

« Je suis intimement persuadé que nous pouvons concilier les différents défis en agissant sur notre alimentation. Si nous continuons à ne manger que des produits transformés industriels, nous finirons obèses comme aux États-Unis et il n'y aura plus de place pour l'agriculture paysanne », motive Philippe POINTEREAU.

Manger plus de fruits et légumes, moins de sucre et de sel, moins de protéines animales... est plus facilement compatible avec l'objectif de réduction des gaz à effet de serre (GES) qui continuent de croître et la quantité de terres agricoles restant disponible.

Les hypothèses retenues pour les années futures sont donc :

  • Un rééquilibrage de notre régime alimentaire ;
  • La généralisation d'une agriculture et sylviculture multifonctionnelle qui s'apparente à l'agriculture biologique et intégrée ;
  • L'arrêt à terme des importations de soja pour nourrir les élevages ;
  • La réduction des gaspillages depuis les champs jusqu'aux assiettes ;
  • La réduction et la stabilisation du rythme d'artificialisation des sols.

LE MODÈLE AGRICOLE

Afterres2050 propose de remettre l'agronomie au centre du projet agricole en privilégiant les techniques du sol simplifiées (semis direct, non labour), l'agriculture biologique, la production intégrée, le développement des cultures associées dans la même parcelle, le déploiement de l'agroforesterie.

« Au lieu de simplifier les processus de production agricole, nous pensons qu'il faut rechercher des systèmes plus productifs qui exigent moins d'intrants », commente le directeur de Solagro.

INCIDENCES SUR LA PRODUCTION

Pour améliorer l'intensité productive tout en respectant les ressources naturelles, une même parcelle produira plusieurs choses au cours du cycle annuel : plus de cultures intermédiaires, associations céréales/légumineuses, production de bois d’œuvre et de fruitiers...

Conséquence de l'évolution du régime alimentaire (moins de viande, moins de lait), le cheptel bovin aura perdu presque la moitié de ses effectifs. La forte spécialisation des troupeaux d'un côté en lait et de l'autre en viande s'estompe. Le cheptel 2050 comprendra beaucoup plus de races mixtes qui permettent de bien valoriser l'herbe tout en produisant du lait et de la viande.

L'élevage n'ayant plus le même poids dans l'agriculture, les éleveurs pourront investir de nouvelles activités et notamment la production de bois d’œuvre et de la biomasse-énergie. Cela vise à réduire les importations de bois et à mieux capter le carbone.

La production végétale agricole diminuerait de 15 % mais les impacts sur l'environnement seraient fortement réduits : les émissions de GES et la consommation d'énergies seront divisées par 2, la consommation d'engrais chimiques et des produits phytos divisée par 3, les prélèvements d'eau réduits.

SUR L'EMPLOI

L'impact du scénario en termes d'emploi a été mesuré par une équipe d'universitaires économistes.

Le scénario Afterres2050 correspondrait à 739 000 emplois dans l'agriculture et l'agroalimentaire. Avec 73 000 emplois en plus, le scénario suppose plus d'emplois en 2050 que le scénario tendanciel, celui où on applique les tendances observées sans les modifier. Cependant, Afterrres2050 ne parvient pas à maintenir le nombre d'emplois de 2010. 50 000 emplois seraient perdus.

Le revenu agricole serait amélioré par rapport à l'actuel, tout en demeurant légèrement inférieur à celui du scénario tendanciel. Cette estimation ne tient pas compte d'éventuelles activités de transformation ou de circuits plus courts. Il ne prend pas en compte les ressources liées à la production de biomasse.

Des quantités plus faibles, des protéines moins chères expliquent une économie globale sur le coût de l'alimentation de 10 milliards d'euros au bénéfice des ménages de l'Hexagone. Ce pouvoir d'achat « libéré » pourra se traduire par des créations d'emplois dans d'autres secteurs.

  • Noté actuellement 0 étoile(s) sur 5.
  • 1
  • 2
  • 3
  • 4
  • 5
Note: 0/5 (0 votes exprimés)

Merci d'avoir participé !

Vous avez déjà noté cette page, vous ne pouvez la noter qu'une fois !

Votre note a été changée, merci de votre participation !