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Foie gras expo 2013 : optimiser le coût alimentaire

L'alimentation a une place prépondérante dans le coût de production du palmipède à foie gras. Le colloque organisé lors du salon foie gras expo sur cette thématique a mis en avant plusieurs pistes concrètes pour réduire cette charge. Génétique, optimisation de la quantité d'aliment ingéré, modification des matières premières, fabrication d'aliment à la ferme... Des marges de manœuvre existent.
Foie gras expo 2013 : optimiser le coût alimentaire

De g à d : Hubert CLAVÉ, Joanna LITT, Jean-Laurent TUSEK, Richard PROERES, Mathieu LALANNE, Michel BUSQUET

Plus de 50 % du coût de production

Les références technico-économiques compilées par l'ITAVI (Institut Technique de l'Aviculture) pour l'année 2011 révèlent qu'en élevage de palmipèdes à foie gras IGP, le poste alimentaire représente 54 % du coût de production de l'animal (hors main d’œuvre). Le gaveur a quant à lui moins de marge de manœuvre car l’alimentation ne représente que 17 % du coût de production.

Jouer sur les quantités

L'amélioration de l'efficacité alimentaire est un moyen de réduire le coût alimentaire des élevages de PAG. Des économies d'aliment sont effectivement possibles dans la mesure où « au sein d'un même cahier des charges (IGP ou label rouge), on note une variabilité importante des quantités d'aliment consommées » note Joanna LITT de l'ITAVI.

L’institut technique a estimé qu’une économie d’1 kg d’aliment entraînerait une réduction du coût de production de 0,27 €/animal et une amélioration du revenu de 0,52 SMIC brut par an pour un producteur élevant 23.400 PAG.

« Réduire d’1 kg la quantité d’aliment distribuée, c’est possible en limitant le gaspillage, en modifiant les pratiques d’élevage… » note Jean-Laurent TUSEK de Nutricia1 – Maïsadour. Toutefois ce nutritionniste conseille de ne pas seulement raisonner en « isocoût » et de tenir compte de la performance technique de l’aliment et de l’adéquation des apports aux besoins.

La fabrication à la ferme

Un autre levier d’action consiste à réduire le coût de l’aliment. Michel BUSQUET, agriculteur à Castelnau-Chalosse, se fabrique l’aliment à la ferme depuis 2005. Il produit 480 tonnes d’aliment complet à base de maïs, tourteau de soja et de minéral sur une période de 13 à 14 semaines. « Je voulais donner de la valeur ajoutée au maïs produit sur mon exploitation » commente-t-il.

Pour réaliser son projet, il a fait appel à la Secopalm, entreprise de service et conseils qui l'accompagne dans la formulation. En fabrique d'aliment à la ferme, le suivi technique est important pour bien préparer les canards au gavage, notamment pendant la phase de jabotage.

Michel BUSQUET estime avoir amorti sa FAF en 2 ans grâce à l'économie qu'il a pu réaliser sur le prix de l'aliment du commerce et l’amélioration de l'IC (indice de consommation). En effet, il consomme 1,5 kg d'aliment par canard en moins. «J'incorpore des matières premières nobles, du maïs très riche en en énergie et du soja, qui même s'il est critiqué, reste la matière première la plus riche en protéine » explique-t-il.

Diversifier les sources protéiques

Pour réduire la dépendance aux protéines extérieures et se prémunir de la flambée des prix du tourteau de soja, les formulateurs tels que Nutricia se tournent vers des sources de protéines plus locales, comme des drèches de maïs issues de la production de bioéthanol à Lacq, des tourteaux de colza et de tournesol. À Bassens, Saipol, filiale de Sofiprotéol, a installé une unité de décorticage de graines de tournesol. L'objectif est de produire du tourteau décortiqué à haute teneur en protéines et plus digestible. La nouvelle station d'expérimentation de Nutricia à Benquet aura justement pour rôle d'évaluer les performances zootechniques de nouvelles formules.

Tourteaux fermiers

« Le soja c'est assez difficile de s'en passer, mais on peut en réduire fortement la quantité incorporée » souligne Richard PROERES de la Secopalm.

La Secopalm qui suit des éleveurs utilisant depuis plusieurs années des tourteaux fermiers voient une opportunité dans le projet de la Cuma Adour Protéoïl, notamment avec l'évolution des contraintes imposées par la PAC.

Pour Mathieu LALANNE de la FDCUMA 40 qui a accompagné la construction de l'unité de trituration à Mugron, l'incorporation de l'huile et/ou de tourteaux qui en sont issus apporte une « traçabilité irréprochable » à l'aliment. C'est un atout supplémentaire pour les éleveurs pratiquant la vente directe, qui peuvent communiquer sur l'origine et gagner en valeur ajoutée sur la vente du produit fini.

Cela nécessite toutefois une adaptation des rations car le tourteau de colza de la Cuma par exemple présente 28,6 % de MAT et 11,2 % de MG. Ses teneurs sont comprises entre le tourteau industriel et le tourteau produit par une presse mobile.

« Il ne faut pas opposer les stratégies entre elles » précisera Hubert CLAVÉ de Nutricia-Maïsadour. Pour réduire les coûts, l'environnement et la génétique peuvent aussi apporter des réponses. Une étude menée par l'INRA sur la sélection de souches plus performantes ayant une moindre consommation résiduelle² donne des premiers résultats prometteurs. Ils montrent que la sélection génétique pourrait permettre d'obtenir des canards moins « gaspilleurs » tout en générant des résultats techniques identiques, voire améliorés pour la cuisse et le magret.

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1 – Filiale du groupe coopératif Maïsadour, Nutricia s'investit dans la R&D, la formulation, les achats de matières premières, la qualité et la logistique.

2 - La consommation résiduelle sert à produire de la chaleur, à gérer le stress et se retrouve aussi dans les rejets.

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