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Foie gras expo 2014 : le bien-être animal et du gaveur

Au 1er janvier 2016, les normes de bien-être animal devront être appliquées avec le passage au logement collectif en gavage. Lors du 3ème colloque du salon Foie Gras Expo, les interventions des professionnels du CIFOG et de la chambre d’agriculture ont permis de faire le point sur le niveau de conversion du parc de gavage français et de partager des retours d’expérience sur le passage en cages collectives, avec un focus sur les gains de temps, les impacts économique ou qualitatif. Yann MARTRONCHAS de la MSA a abordé la question du confort du gaveur et des précautions à prendre lors du changement de matériel. 
Foie gras expo 2014 : le bien-être animal et du gaveur

PASSAGE OBLIGÉ POUR ENCORE 59 % DES GAVEURS

Marie-Pierre PÉ, déléguée du CIFOG rappelle qu’au niveau communautaire, l’animal est considéré comme un être sensible. Le respect de son bien-être est essentiel et passe notamment par la possibilité d’expression du comportement de l’espèce.

Le conseil de l’Europe a notamment établi une liste de 7 éléments à respecter, spécifiques à la production de palmipèdes comme l’obligation de pouvoir battre des ailes, interagir avec les autres et se tenir debout. La pratique du gavage est donc dans le collimateur de l’Europe qui depuis 2011 déjà oblige le passage du logement individuel en gavage au logement collectif. « Un délai de 5 ans a été accordé à la France, mais au-delà de janvier 2016, il faut s’attendre à des contrôles fréquents » met en garde Marie-Pierre PÉ.

Afin de démontrer à la commission européenne la progression au niveau de la conversion du parc de gavage, une étude a été menée auprès de 21 organisations de production correspondant à 34 millions de canards (les filières courtes ne sont pas prises en compte) pour identifier tous les élevages, ateliers de gavage, et leur niveau de mise aux normes. Le bilan au 31 décembre 2013 montre qu’il y a encore 59 % d’ateliers à mettre aux normes avant 2 ans. Parmi les ateliers qui ne sont pas encore aux normes, 26 % décident d’arrêter la production et 7 % d’attendre la fin de la période festive de 2015 pour se mettre aux normes début 2016.

En ce qui concerne l’accompagnement financier pour ces mises aux normes, une aide incitative (à hauteur de 40 % des investissements) a été mise en place pour les agriculteurs pionniers. Ainsi depuis 2011, au total 536 000 places ont pu être mises aux normes.

Pour 2014, la mise aux normes de 500 000 places est finançable à un taux moyen de 12 € / place, mais sont éligibles uniquement ceux qui ont investi dans des cages avant 2005.

Les demandes d'aides doivent être transmises à France AgriMer avant le 1er juin 2014.

EFFETS DU PASSAGE AUX NORMES

Afin d’apprécier les conséquences du passage au logement collectif sur les performances de gavage, la chambre d’agriculture a suivi 124 gaveurs, dont 77 travaillant avec des cages individuelles et 47 avec des cages collectives. Les résultats présentés par Marie LABORDE, montrent qu’en cages collectives, les canards ingèrent une plus grande quantité d’aliment. Le résultat est valable pour tous les types génétiques de canards. Il y a également une augmentation du poids des magrets avec les cages collectives. Toutefois, aucune différence significative n’a été observée sur le poids des foies. « Cela est plus souvent lié à la pratique du gaveur qu’au type de logement.Ajoutonsque les ateliers qui ont franchi le cap des cages collectives étaient des ateliers dont les performances en cage individuelles étaient déjà bonnes. » explique la conseillère à la chambre d’agriculture.

Au niveau du temps de travail, une seconde enquête, menée auprès de 69 gaveurs, montre un gain de temps de 40 % à la mise en gavage en logement collectif par rapport au logement individuel, soit entre 20 et 30 h gagnées par an. En revanche au niveau du nettoyage, une perte de temps de 47 % est notée sur les logements collectifs à cause des déflecteurs.

Sur l’ensemble des pratiques, le temps passé au niveau des logements collectifs est donc plus important de 12,5 % pour une salle de gavage de 1000 places réparties en 19 bandes, soit 0,08 UTH à mobiliser en supplément.

En termes économiques, à cause des investissements importants liés à la mise aux normes, le passage aux cages collectives engendre une perte de 0,4 SMIC par UTH pour les ateliers aidés et 0,6 SMIC par UTH pour les ateliers sans aides financières.

Sur les effluents, une diminution du taux d’humidité a été remarquée dans les salles. Des mesures précises au niveau de fosses à lisier couvertes ont permis d’attester qu’en logement collectif, le volume d’eau utilisé pour l’abreuvement et le nettoyage diminuaient. En suivant 10 ateliers, soit 36 bandes de mai à septembre, on a pu constater qu’environ 30 litres étaient consommés par canard (la norme de 1996 est de 45 litres). Cela représente donc un volume moindre de lisier à stocker dans la fosse.

CHOISIR SES CAGES EN FONCTION DE SA PRATIQUE

La question du changement de matériel pose aussi la question du changement de pratique et donc du confort du gaveur dans son travail. Yann MARTRONCHAS, conseiller en prévention des risques professionnels à la MSA Sud Aquitaine, a présenté le travail de la caisse de mutualité sur ce point.

Chez les gaveurs, les affections les plus fréquentes sont les TMS (Troubles musculo-squelettiques). La MSA a donc entamé un travail en collaboration avec les coopératives, pour étudier différentes situations de travail sur divers types de logements afin d’apporter des préconisations pour les gaveurs à travers des fiches techniques.

Les fiches abordent les différentes phases de travail, sur plusieurs thèmes: gaveuses, logements collectifs etc « Le but n’est pas d’utiliser cette fiche pour noter un matériel mais de fournir des préconisations et d’évaluer le fonctionnement et l’utilisation de la machine en fonction de sa propre pratique » précise le conseiller en prévention. Pour faire le bon choix en cages avant de se mettre aux normes, il peut être intéressant d’être accompagné par un conseiller en prévention.

Pour conclure ce colloque, Isabelle DAUGREILH, présidente de la Maison du Palmipède a tenu à encourager les gaveurs à passer en logements collectifs, « c’est moins fatiguant, c’est aussi un avantage pour la transmission, et ce serait dommage que la production se délocalise parce qu’on n’a pas su investir dans notre région».

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