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Femmes dans l'agriculture : regards croisés

Dans le cadre du programme territorial d’excellence pour l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, le CFPPA (Centre de formation professionnelle et de promotion agricole) de Montardon a organisé une journée de conférence et débat intitulée « L’agriculture de demain…avec les femmes ! ». Femmes de tous âges et tous horizons ont été invitées à témoigner lors de la table ronde. Issues d’école de commerce, de BTS gestion en passant par la pâtisserie ou l’agroéquipement, elles ont toutes trouvé leur place dans l’agriculture et racontent leur parcours.
Table ronde

FRANÇOISE ET SES BREBIS

Françoise PITRAU est éleveuse de vaches à viande et de brebis laitières. Son père décède alors qu’elle est très jeune et elle sait déjà que sa sœur aînée ne voudra pas reprendre la suite. Pour Françoise, travailler sur l’exploitation apparaît comme une évidence.

Le moment venu, elle s’installe donc en GAEC avec sa mère, pendant 3 ans. Puis lorsque celle-ci part à la retraite, son mari, éleveur bovins de son côté, rejoint le GAEC.

L’éleveuse s’occupe aujourd’hui principalement de la transformation du lait de brebis en fromage et de la vente, et aide son mari à la traite. Elle gère également la partie administrative et comptabilité de l’exploitation. « Je laisse les dossiers Pac à mon conjoint » ajoute-t-elle.

Travailler en couple n’est pas toujours simple pour prendre les décisions, surtout quand les deux ont fort caractère. « Quand quelque chose tient à cœur à l’un de nous, chacun défend son idée jusqu’au bout. C’est souvent le plus tenace qui gagne » raconte-t-elle avec humour. Le système a fonctionné jusqu’à présent ! La répartition des tâches convient à Françoise et elle se sent à sa place.

Pourtant, elle confie qu’elle ne se sent pas encore complétement épanouie « j’aime mon métier mais j’y passe trop de temps ». Elle regrette de ne pas plus se consacrer à sa famille, mais l’exploitation accuse un manque de main d’œuvre et comme dans beaucoup de famille d’agriculteurs, tout le monde doit mettre la main à la pâte sans compter ses heures.

Françoise reste confiante car l’arrivée de son fils qui termine ses études au lycée agricole de Pau-Montardon devrait améliorer la situation.

SANDRA EN ÉLEVAGE BOVIN

Sandra HONDAREYRE est installée avec son mari en bovins près de Navarrenx.

Elle fait un BTS commerce, puis travaille comme salariée dans un centre de loisirs. Lui est formateur au CFPPA et installé depuis 2005.

En 2010, Sandrine connait un licenciement économique, c’est alors qu’elle décide de s’installer en EARL avec son mari. « La décision n’a pas été difficile à prendre, c’est ce que je voulais faire » explique-t-elle.

Elle a donc repris ses études en toute confiance pour passer un BPREA (Brevet professionnel responsable d’exploitation agricole). La plus grande crainte dans cette reconversion, n’a pas été de savoir si elle obtiendrait son diplôme mais plutôt si elle arriverait à exercer correctement le métier.

Finalement « mon mari m’a fait aimer ce que je fais » raconte-t-elle. « Le travail ne me dérange pas et je suis sportive depuis toujours, donc je n’ai pas de problème de condition physique. »

Elle est désormais rassurée sur ses propres capacités et explique que les postes de travail ont été repensés pour que tout soit facile à faire seule sur l’exploitation quand son mari n’est pas là.

Ce qui lui plait dans ce métier, « c’est d’être maître de ce que l’on fait, d’être autonome et indépendant. » explique Sandra. Mais elle ne cache pas que le plus dur, c’est de subir le regard des plus anciens qui ne croient pas au fait qu’une femme puisse réussir à faire tourner une exploitation.

MÉLANIE À LA VIGNE

Après avoir fréquenté une école de commerce, Mélanie REALE se reconvertit dans la pâtisserie. Elle monte alors sa propre affaire, qui finit par tomber à l’eau. Mais la gastronomie continue de lui tenir à cœur et c’est l’amour du vin qui va l’amener au cœur des vignes pour une deuxième reconversion professionnelle.

« Ma famille n’a pas été surprise puisque c’était déjà la deuxième fois que je changeais de voie » dit-elle en riant, « je pense même que mon entourage a une certaine fierté voire de l’admiration ».

Une femme dans les vignes, ce n’est pas courant. Elle se dit féministe et tient à assumer sa place. Pourtant elle ne cache pas que certains travaux, comme planter les piquets à la masse lui sont impossibles à réaliser. « J’ai la chance d’être dans une équipe mixte où on partage les tâches, alors on m’a donné autre chose à faire. » confie la nouvelle ouvrière viticole. Avec des aménagements de poste, il y a de la place pour tous.

Malheureusement, elle comprend que les petites exploitations viticoles de 4 ou 5 ha, où souvent un seul salarié est embauché pour effectuer tous les travaux, il est difficile d’ouvrir les portes aux femmes.

ESTELLE EN PRODUCTION VÉGÉTALE

Estelle CABÉ, 22 ans, termine son BTS en production végétale à Pau-Montardon dans une classe de 2 filles et 25 garçons. Elle est habituée à côtoyer peu de filles puisqu’au lycée agricole de Mugron, où elle a suivi une formation en agroéquipement, elle était la seule fille. Mais Estelle n’a peiné à avancer dans ses études ou trouver des stages parce qu’elle était une fille.

Issue du monde agricole, elle explique que « c’est quand même plus facile quand on a déjà un pied dedans ». A ceux qui pensent que l’agriculture n’est pas faite pour les femmes, la jeune fille répond « qu’ils n’ont qu’à aller voir ailleurs s’ils ne sont pas contents. On voit beaucoup d’agricultrices qui aiment leur métier et qui le font bien, c’est la seule chose qui compte. » 

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