Retour à la version graphique



Vous êtes dans

Débat 2014 : Quelle agriculture se dessine à travers la réforme Pac et la loi d'avenir ?

Le Modef des Landes radote t-il quand il propose, à la fête 2014, de débattre de la réforme de la Pac et de la loi d'avenir ? Quelques jours auparavant, un journaliste avait fait remarquer à Christophe MESPLÈDE, président du syndicat et animateur du débat que « Le sujet du débat public est très semblable à celui de 2013 ». Si le thème n'a pas été modifié, il y a un an, nous en étions encore à la phase des négociations sur la déclinaison française de la réforme de la Pac. Aujourd'hui, il s'agit de se positionner sur les arbitrages rendus par le gouvernement. En outre, s'ajoute la loi d'avenir qui a été débattue ces derniers mois et qui sera définitivement adoptée le 11 septembre prochain.
Débat 2014 : Quelle agriculture se dessine ?

De g à d : Jean Mouzat (Modef national), Christophe Mesplède (Modef 40) et Jean-Paul DUHALDE (Porte-parole ELB-Confédération paysanne)

LES INTERVENANTS

Le parti pris du débat était de permettre aux différents syndicats de s'exprimer sur ce qu'ils pensent des décisions prises à travers la réforme de la Pac et la loi d'avenir, c'est à dire à travers les politiques agricoles, européenne et nationale, qui déterminent le cadre dans lequel travaillent les agriculteurs.

Le MODEF était représenté par son président national, Jean MOUZAT et la Confédération paysanne par Jean-Paul DUHALDE, le porte-parole d'ELB, le syndicat paysan basque.

« J'aurais aimé que la Fdsea ou le Cdja soit présent pour donner un point de vue différent. Les deux organisations ont été tour à tour invitées mais la Fdsea a indiqué qu'ils « manquaient d'enthousiasme », a précisé Christophe MESPLÈDE.

LE PLAFONNEMENT

Première question : Comment chaque syndicat réagit au fait que le plafonnement des aides Pac, initialement prévu à 300 000 €, n'ait pu être ramené à 200 000 € par le parlement européen car deux voix ont manqué ?

Jean MOUZAT : « Au départ, nous pensions impossible d'avancer car une réduction du budget européen était prévue. Comme l'enveloppe française a été quasiment maintenue, nous avions bon espoir de progresser sur une plus grande répartition des aides. Mais, en octobre 2013, le discours de François HOLLANDE nous a déçus. Nous avions soutenu la proposition du Ministre de consacrer 30 % de l'enveloppe du 1er pilier à la majoration des premiers hectares. Sous la pression de la Fnsea, le Président de la République a annoncé que ce ne seront que 20 % en 2018 et 5 % en 2015 ».

« Plus précisément sur le plafonnement », poursuit le président national, « le Modef était pour un plafonnement à 100 000 €. Mais le risque de détournement du plafonnement par la multiplication de sociétés a conduit à miser plutôt sur la majoration des premiers hectares. Notre souci fondamental est de réorienter les aides pour maintenir le maximum d’agriculteurs ».

L'ARGENT PUBLIC NE MANQUE PAS

« En agriculture, l'argent public ne manque pas. Ce qui pose problème, c'est sa répartition », introduit Jean-Paul DUHALDE.

« En général, les céréaliers ont un revenu supérieur aux éleveurs et les exploitations céréalières occupent moins d'actifs à l'hectare que les exploitations d'élevage. Les aides publiques auraient pu favoriser un rééquilibrage. Même si nous préférerions gagner notre vie par les prix de vente, il est indéniable que les aides sont indispensables pour dégager un revenu du travail. Aussi, à la confédération paysanne, nous avons toujours défendu que les aides devraient être réparties en fonction du nombre d'actifs. Il faut instaurer des plafonds et non des planchers qui excluent des paysans », complète le porte-parole d'ELB.

L'ACCÈS AU FONCIER

Deuxième question : Pensez-vous que le contrôle des agrandissements et le pouvoir des Safer ont été renforcés ?

« Le rôle des Safer a été quelque peu renforcé et nous aurons un peu plus de moyens pour lutter contre les agrandissements. Au Pays basque, comme nous avions du mal à faire intervenir la Safer, il y a 20 ans, nous avions créé un GFA foncier qui a été récemment transformé en société, ce qui permet de collecter plus facilement des fonds. La Safer est un très bon outil s'il existe la volonté de faire. Le copinage reste encore une réalité, au moins chez nous » déclare Jean-Paul DUHALDE. « Pas dans les Landes ! », répondent avec un brin d'ironie plusieurs landais.

« Pour l'installation, qu'on le veuille ou non, il faudra installer des hors cadre familiaux (HCF). Le frein est dans nos têtes. Et, même si nous n'avons pas pu arracher autant d'avancées que nous l'aurions voulu, une autre orientation a été donnée à travers la réforme et la loi. Des agriculteurs commencent à penser le développement de l'exploitation sans nécessairement s'agrandir, ils commencent à envisager de transmettre leur exploitation à un jeune ».

QUI AURA DROIT AUX AIDES PAC ?

Troisième question : Que pensez-vous du fait d'exclure les retraités et les double-actifs agricoles des aides publiques ?

Jean MOUZAT : « Le Cnja était farouchement opposé à ce que les doubles-actifs puissent percevoir les aides Pac mais, selon eux, ils pourraient continuer d'exploiter ! C'est hypocrite car, sans les aides, chacun sait que ces petites exploitations, n'auront pas les moyens de vivre ».

Jean-Paul DUHALDE : « Nous serons favorables à la suppression des aides Pac aux retraités agricoles quand ils percevront des pensions décentes. Pour les pluriactifs, si, comme nous le proposons, on tient compte de la présence des actifs dans la répartition des aides, il est logique qu'un pluriactif soit aidé mais à un moindre degré qu'un agriculteur à titre exclusif ».

Chacun ayant pu se faire une opinion, Christophe MESPLÈDE a invité les petits et moyens agriculteurs à voter pour le syndicat qui défend leurs intérêts objectifs de petits éleveurs, de double-actifs ou de retraités agricoles.

  • Noté actuellement 0 étoile(s) sur 5.
  • 1
  • 2
  • 3
  • 4
  • 5
Note: 0/5 (0 votes exprimés)

Merci d'avoir participé !

Vous avez déjà noté cette page, vous ne pouvez la noter qu'une fois !

Votre note a été changée, merci de votre participation !