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En amont du débat "Agriculture et emploi"

Samedi 22 août 2015 à 17 h, le Modef propose un débat public sur le site de la fête. Ce débat aura pour thème : « L'agriculture peut-elle contribuer à l'objectif de créer de l'emploi ? ». Michel BUISSON, agroéconomiste, ouvrira la discussion en présentant un état des lieux qualifié de « situation préoccupante difficile à inverser » dans un article cosigné avec deux autres spécialistes de l'agriculture. Alors que l'emploi est un des touts premiers objectifs de nos sociétés, alors que l'agriculture bénéficie de soutiens publics importants (et nécessaires), cette dernière peut-elle continuer à détruire des emplois ? Si on considère qu'il n'y a pas de fatalité irréversible, la discussion pourra se prolonger sur comment progresser ?
En amont du débat "Agriculture et emploi"

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BAISSE RAPIDE ET CONTINUE

Le volume d'emplois a été divisé par 6 entre 1950 et 2010. En 2010, 966 000 « actifs permanents » représentaient 751 400 unités de travail annuel (UTA) soit une moyenne de 1,53 UTA par exploitation.

Trois évolutions majeures sont pointées par les auteurs :

  • Le rythme annuel de diminution (compris entre -2,4 % et -3,5 %) s'accentue entre 1988 et 2000 en raison de la pyramide des âges et des aides à la préretraite ;
  • Les nombres d'exploitations et d'UTA diminuent à des rythmes très semblables, entraînant une baisse de la densité d'emploi par hectare ;
  • Une très forte baisse des petites (-36 %) et moyennes exploitations (-31 %). Seul le nombre des très grandes exploitations (PBS > 250 K €) augmente (+16 %).

TOUJOURS TRÈS FAMILIALE

En 2010, le travail agricole reste principalement familial avec 70,9 % des UTA. La part du travail fournie par les aides-familiaux diminue fortement.

Le développement des formes sociétaires entraîne la mise en place de collectifs de travail de plus en plus complexes, regroupant des actifs aux statuts divers, le recours à des entreprises... avec des stratégies favorables à la substitution du capital/travail.

La part du travail salarié, en croissance rapide (de 15,5 % en 1988 à 27,5 % en 2010), résulte principalement de l'accroissement de la part des grandes exploitations qui concentrent le salariat.

PLUS DE CONCENTRATION

Le nombre d'emplois pour 100 ha est passé de 5,06 à 2,79 entre 1988 et 2010 (divisé par 1,8) alors que le potentiel de production par UTA augmentait dans les mêmes proportions. Ce phénomène s'est accentué depuis 40 ans.

Parallèlement, le montant de l'actif immobilisé par UTA (foncier compris), indépendant de la taille pour la moyenne des exploitations, augmente entre les moyennes et les très grandes exploitations de 68 % en grandes cultures et de 40 % en élevage laitier.

Ces évolutions ont des effets variés sur le revenu par actif familial. Elles sont très positives en vigne et grandes cultures, et dans ce dernier cas, sous l'effet des primes Pac très incitatives à l'agrandissement. Par contre, en élevage bovin, l'effet taille est plus faible, voire nul, malgré la réduction de la densité d'emploi par hectare.

SAUVER LES FERMES

Les 3 experts supposent que, toute amélioration de l'emploi, y compris une réduction sensible du rythme de baisse, sera difficile. Pour y parvenir, il faudrait une toute autre politique... Point qu'évoquera Michel BUISSON lors du débat 22 août à Soustons.

Quoiqu'il en soit, le groupe estime qu'il y a urgence à sauver les petites et moyennes exploitations en favorisant leur évolution vers une véritable transition sociale et écologique.

Michel BUISSON est un ancien professeur à l'Isara Lyon et il est l'auteur de « Conquérir la souveraineté alimentaire » à l'Harmattan.

Source : Les coauteurs de la note sont Gilles BAZIN, professeur émerite de politique agricole (AgroParistech) et Maurice DESRIERS, ancien secrétaire de la commission des comptes de l'agriculture.

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