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DAVID CONTRE GOLIATH

Après avoir passé quelques heures dans nos tracteurs depuis le début de la saison, je souhaitais revenir sur
l’analyse de notre société de consommation. Et sur une problématique sanitaire ayant malheureusement
fait des victimes et deux morts chez les enfants avec la présence d’une bactérie dans les pizzas Buitoni.
DAVID CONTRE GOLIATH

PROFITS FINANCIERS, NÉGLIGENCES SANITAIRES
Dans cette affaire dramatique de santé publique, l’enquête en cours révèle des gros manquements d’hygiène dans l’usine. On y apprend que le temps de nettoyage des chaînes d’alimentations est passé de 8h à 4h45. On y découvre également que les silos extérieurs n’ont pas connu d’entretien depuis quelques années, avec une prolifération importante de nuisibles aux abords de l’usine. Le seul but de la direction, membre du groupe Nestlé, est d’augmenter le temps de productivité et fait fi des règles déontologiques d’hygiènes. La direction a également fait un choix stratégique en changeant l’approvisionnement en farine, avec un process de fabrication non chauffé, et qui augmente donc les risques de contaminations. Ces dérives sont accentuées par le phénomène des autocontrôles : l’État se décharge de cette mission par manque de volonté et de moyens pour ses services, sur les entreprises qui doivent s’autocontrôler... Mais la nature humaine est ainsi faite, nous voulons toujours plus de profits et les dérives nous les connaissons aujourd’hui. En plus, je suis persuadée que le dirigent de Nestlé est un des plus grands philanthropes de notre planète, ainsi grâce à ses fondations, il aide de nombreux programmes en faveur de l’enfance, la malnutrition dans les pays les plus pauvres. Il doit même aider généreusement des associations environnementales. Tout ceci grâce aux profits qu’il réalise en amont !
COURSE À LA CONSOMMATION
Autre point de réflexion, et après avoir passé des heures de conduite avec la radio allumée. Qui dit radio privée, dit pub toutes les 10 minutes. Ce matraquage est infernal ! Bien souvent il concerne le prix des produits alimentaires, et promet au consommateur le prix le plus bas. Mais en tendant l’oreille, entre les provenances étrangères et le matraquage pour seulement deux jours de promo, on se dit en tant que producteur que le système n’est pas prêt de s’arrêter ! Au vu de tout l’argent investi par la grande distribution dans ces pubs, il doit y avoir des retombées énormes pour ces groupes qui poussent encore et toujours à la consommation. Notre chère loi Egalim, aura bien du mal à perdurer et être plus efficiente face à ces puissances qui torpillent les prix agricoles, malgré le contexte mondial tendu et les rendements catastrophiques qui nous attendent. Mais, dans leurs discours bien rodé, ne vous inquiétez pas, elles prennent soins de la nature en ramassant les papiers ! En parlant des consommateurs, et en glanant quelques infos pour construire cet édito, j’ai été interpellée par un phénomène de consommation : seuls 20% des poulets produits en France sont vendus en Prêt à Cuire. Le reste de la production est tournée vers la vente en découpe et surtout vers les produits transformés. De par ma naïveté et mon mode de consommation complètement différent de ces pratiques, je trouve ce chiffre affolant. Car, l’on comprend bien que pour l’industrie agro alimentaire, le seul intérêt est d’obtenir de la matière première rapidement, à faible
coût. Lorsque 80% de la production doit répondre à ces deux objectifs, il semble bien difficile de voir évoluer une transition dans les poulaillers !
CRISE : FIN DE SYSTÈME, NAISSANCE D’UN NOUVEAU
Ce décryptage, me laisse encore une fois, un peu perplexe cette semaine. La force des multinationales de l’agro-industrie est telle, et leurs courses aux profits sont sans fin, jusqu’à entraîner des drames en 2022. Le désengagement des États vers ces puissances est également si grand que notre agriculture traditionnelle aura bien du mal à survivre dans ce système. Or, nous ne pouvons pas nous satisfaire de ce constat et des petites failles s’entrouvrent pour changer le système, mais également pour en sortir. Cela paraît ubuesque, mais face à l’urgence, nous ne devons rien nous interdire !

Mélanie Martin

Présidente de la FSA-Modef

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