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OSONS !

Voilà quelques semaines, que l’édito a été confié aux autres membres du bureau. Sur une petite exploitation comme la nôtre, il y a des périodes beaucoup plus difficiles à gérer, notamment lors de la saison des asperges, où ce sont elles qui dictent nos journées. Pour nous qui sommes militants, il faut savoir aussi trouver l’équilibre entre le boulot sur l’exploitation et l’action syndicale. Il est donc très important que l’ensemble des acteurs du bureau et du conseil d’administration soient présents pour se partager les dossiers et la représentation auprès des instances.
OSONS !

LES LIMITES DE LA MONDIALISATION
En quelques semaines, l’actualité ne s’est pas arrêtée, bien au contraire ! La présidentielle est passée par là avec l’arrivée d’un nouveau ministre de l’agriculture. Le bilan de son prédécesseur questionne et ne permet aucune visibilité sur notre métier. De plus, le recensement agricole, nous montre un bilan désastreux avec une perte considérable des actifs agricoles. Cela traduit un manque de dynamisme en termes de politique agricole. Certes Denormandie n’est pas le responsable de cette situation, mais a-t-on eu une vraie ambition agricole avec ce gouvernement ?
L’agriculture n’a pas rempli les programmes électoraux, seule la thématique de la sécurité alimentaire est abordée en raison de la guerre en Ukraine. Les problématiques de tension sur l’approvisionnement en blé questionnent sur l’équilibre alimentaire mondial et inquiètent de nombreuses institutions internationales.

Localement, la pénurie d’huile de tournesol en rayons interroge un peu le consommateur sur la provenance des denrées alimentaires. Peut-être est-ce le début d’une prise de conscience qu’une mondialisation et une marchandisation outrancières des produits agricoles n’ont plus de sens. Cette sacro-sainte productivité pour nourrir le monde, qui a peut-être à un moment précis de l’histoire permis de sortir les populations de la pénurie, a, me semble-t-il un bilan beaucoup plus désastreux. En tout cas, nous sommes dans une situation où nous ne pouvons plus nier les problématiques engendrées par notre métier. Alors pour cela que faisons-nous et quelle nouvelle construction devrons-nous mettre en place ?
UNE AUTRE VOIE
Vaste sujet. Le plus important, c’est premièrement de croire qu’une autre issue est possible et surtout d’avoir la volonté de bouger les lignes. Tout n’est pas à jeter. Nous avons des atouts et nous avons des savoirs faire qui sont vertueux. Nos exploitations landaises sont diverses, avec une forte autonomie grâce à de la polyculture élevage. Nos parcelles cultivées sont encore de tailles raisonnables et bordées d’arbres, l’herbe y pousse rapidement et généreusement. Nos prairies captent du carbone, amendent nos sols et nos élevages, à taille humaine, permettent d’élever nos animaux selon des règles bioéthiques. Même si la monoculture de maïs n’est pas idéale, elle n’est pas non plus la plus polluante. Et si elle est intégrée à une diversité de cultures, elle favorise l’autonomie des exploitations, donc leur pérennité. Dire ceci ne doit pas nous empêcher de produire autrement et d’améliorer nos pratiques sur cette culture, ou bien justement de diminuer sa place dans l’assolement afin de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier en cas d’aléas climatiques, qui tendent à s’intensifier. Et donc, pourquoi ne pas intégrer davantage de tournesol, moins gourmand en intrant et en eau ? Tiens, tiens…. En plus on pourrait faire de l’huile avec un outil commun….
Je sais qu’il est facile pour moi de critiquer ce modèle, qui vous a fait vivre et vous fait vivre. D’autant que vous n’êtes pas responsables du peu de rémunération que ces cultures de diversification offraient. Cette ironie de fait montre aussi que si les acteurs économiques de nos territoires proposaient davantage d’ambitions et d’innovations, nous pourrions avancer différemment et entamer un changement profond de nos pratiques.

DEPASSER LA PEUR
Le changement, et l’inconnu font peur. C’est un peu dans notre nature : peur de l’autre, de la différence, peur du voyage, peur d’aller voir de l’autre côté du champ et peur du qu’en dirat-
on. Nous avons tort d’avoir peur, car l’expérience est souvent et largement bénéfique. Je crois que dans notre domaine, l’agriculture, c’est la même chose. L’agriculture de demain, ne sera plus celle d’y hier, mais elle continuera à nourrir les populations. Surtout, elle continuera de passionner des générations entières. N’ayons pas peur de changer, de se tromper, de recommencer, nous y arriverons, différemment, mais nous arriverons à remplir notre mission, en nous préservant, ainsi qu’en préservant les autres et notre planète.
                                                                                                                                                                                                                          Mélanie Martin
                                                                                                                                                                                                                          Présidente du Modef

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