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Un défi indispensable : sauver l'agriculture paysanne

La base même du métier de paysan est de nourrir l'humanité. Face à l'augmentation de malnutris dans le monde, force est de constater que la voie qu'a pris l'agriculture ces dernières décennies n'est pas une solution, sans parler des autres problématiques que soulève l'intensification. A l'inverse, l'agriculture paysanne semble pouvoir répondre de manière positive à cet enjeu. Il ne reste maintenant plus qu'à choisir l'agriculture que nous voulons promouvoir pour demain.
Un défi indispensable : sauver l'agriculture paysanne

On parle souvent des défis à relever pour une entreprise, un sportif, une nation … L’actualité des derniers jours nous donne l’occasion de prendre la mesure de tous les défis qui attendent l’agriculture.
Le premier défi de l’agriculture est bien évidemment de nourrir l’humanité, et si l’on pouvait penser à un certain moment que le pari était en voie d’être réussi ; aujourd’hui il faut déchanter.
En effet, Bruno PARMENTIER, directeur de l’ESA d’Angers, dans une interview visible sur Terrenet.fr, nous livre les chiffres suivants : on va passer de 5 morts de faim par minute dans le monde, à 10/11 à la minute. Le nombre de malnutris dans le monde, qui était de 800 millions en 1900 (sur 1,8 milliards d’êtres humains), identique en 1950, est aujourd’hui en train d’approcher les 900 millions sur 7,8 milliards d’êtres humains.
On peut se dire que la situation s’est améliorée, puisque en un peu plus d’un siècle on a nourri 5 milliards de personnes en plus avec la même planète. Beaucoup de terres ont été défrichées en Asie, Amérique du Sud, Afrique, ou mieux cultivées. Dans le même temps, on a beaucoup artificialisé en Europe ou Amérique du Nord.
Les rendements ont été quasiment multipliés par 3 entre le début des années 60 et les années 90. Mais, depuis 20 ans, les rendements de blé stagnent car les problèmes climatiques, parasitaires ou autres, viennent pénaliser les cultures. Et, la voie chimique, intensive, poursuivie jusqu’alors, montre ses limites.
Sur la base de ce constat, l’ONU va organiser en septembre un Sommet sur ce sujet, en partenariat avec le Forum Économique Mondial. Un pré-Sommet se tient du 26 au 28 juillet à Rome sur ce thème. Or, ce pré-Sommet soulève de nombreuses inquiétudes de la part d’ONG, scientifiques ou même certains États.
Alors que la FAO a montré le rôle essentiel de l’agroécologie paysanne pour répondre aux défis sociaux, environnementaux et économiques, les organisateurs du Sommet promeuvent à l’inverse, une agriculture basée sur les « technologies de pointe », proposant des solutions soit disant vertes et révolutionnaires.
C’est ainsi que des groupes puissants mettent en avant les solutions, qui en fait, sont leur fonds de commerce : nouveaux OGM, numérisation de l’agriculture, viande in vitro, drones, agriculture de précision …
Dans tous les cas, les solutions se font au détriment des petits producteurs et étendent l’emprise des multinationales sur les terres, l’eau, les semences, les gênes … Elles induisent la prédominance des intrants chimiques, de la biotechnologie. Or, les résultats ne sont pas là.
Au contraire, les fermes familiales du monde entier, les pêcheurs artisanaux et les communautés indigènes produisent plus de 70 % de la nourriture mondiale avec seulement 20 % des ressources productives. Les pratiques de polyculture élevage ont de meilleurs résultats que la monoculture ou l’élevage industriel, grâce à leur respect de la biodiversité et à un meilleur égard des sols.
Le choix est clair : soit on fait la part belle à une agriculture capitaliste qui dépeuple les campagnes, entrainant des migrations incontrôlables du fait de la perte d’emplois, de la difficulté à se nourrir, et donc des conflits qui en découlent, soit on met en place des programmes de développement basés sur des cultures vivrières s’appuyant sur des pratiques agroécologiques mêlant polyculture élevage, conservation des sols, innovations techniques (et non pas forcément technologiques et donc coûteuses), afin que les pays du Sahel (5 000 km de long sur 1 000 de large environ), Madagascar, Haïti et d’autres, puissent subvenir à leurs besoins alimentaires.
Pour cela, il faut cesser de penser que les règles du libre-échange résoudront les problèmes, car on le voit bien, les écarts économiques, sociaux et environnementaux ne cessent de s’agrandir, que ce soit entre pays, ou à l’intérieur même d’un pays.
Une autre voie agricole est possible, on se doit d’y participer !

Serge MORA, président du Modef des Landes

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