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Un peu d'humilité

Je crois ne plus avoir de mots face à cette énième crise qui touche notre département. Bien sûr que la colère, la frustration, l’incompréhension et l’injustice sont des sentiments qui me traversent.
Nous savons tous qu’il sera très difficile de se relever de celle-ci.
Les propos de cet édito ne sont pas courants et seront peut-être difficilement entendables pour certains. Mais, je crois que cette crise doit nous questionner sur notre raisonnement et nous devons commencer à faire preuve d’humilité face aux dérèglements globaux que nous connaissons dans notre métier.
Un peu d'humilité

Alors peut-être est-il venu le temps de changer de prisme, changer de logique, changer de doctrine ?
L’Homme avec sa science se voit comme le sauveur, mais force est de constater que l’échec est cuisant.

Nous savons que la grippe aviaire est présente dans toute l’Europe et qu’elle frappe à la fois des animaux en élevage mais aussi les animaux sauvages. La mortalité que l’on observe dans la faune sauvage fait partie du cycle de la vie. Depuis l’apparition de la vie sur Terre, les virus circulent et la sélection naturelle continue à s’opérer.
Les épidémies et épizooties deviendront malheureusement (j’espère me tromper) récurrentes. Alors à quoi bon lutter contre elles en abattant tout devant leur passage et en créant un vide avant même qu’il ne soit passé? Comme on le dit souvent, la nature a horreur du vide. J’ajouterais que l’on a encore perdu du temps à ne pas vouloir l’écouter, elle, ni notre bon sens paysan.
Depuis que l’on connaît ces crises, nous savons (plus particulièrement sur le canard) que des animaux survivent à ce virus quelles que soient ses formes. Je sais bien que c’est plus compliqué que ça et le raccourci est certainement trop facile mais n’y a-t-il pas là une hypothétique solution ? Je crois que nous ne devons pas avoir peur de poser la question. En tout cas je vous la pose !

De plus en plus d’études commencent à pointer les facteurs aggravants, notamment les rapports de l’OMS qui posent ces problématiques à travers les pandémies. Les facteurs sont multiples et souvent liés à l’impact de l’homme sur la biodiversité, mais aussi à l’émergence partout sur la planète de l’élevage industriel.
Et c’est bien pour cela qu’il faut élever notre vision de l’épizootie landaise. Car lorsque je parle d’élevage industriel, je cible les élevages Outre-Atlantique et ceux d’Asie dans lesquels on ne parle pas de bandes de 10 000 volailles par site, mais de centaines de milliers. Ces causes sont présentes sur l’ensemble de la planète, et notre élevage en subit les conséquences de plein fouet, avec un coût prohibitif pour l’ensemble de la société.
Ces études commencent également à proposer des solutions, ou à minima à amorcer de nouvelles pistes de réflexion avec un angle économique différent : financer la transition vers un modèle plus vertueux, plutôt que de combler les pertes aux producteurs. Mais là, c’est bien une volonté politique qui doit savoir faire preuve de courage.

Notre profession est en première ligne face aux changements globaux et, nous le savons, les enjeux seront colossaux pour continuer à nourrir les hommes.
Faire place à l’humilité face à notre environnement, face à notre planète, face aux générations futures permettra certainement de changer la donne.

Mélanie Martin, Présidente de la FSA-Modef

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