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Delpeyrat : Et les éleveurs dans tout cela ?

Les lecteurs du Sud-Ouest des 18 et 19 mars 2021 ont pu prendre connaissance des difficultés que traverse l’entreprise Delpeyrat qui est sous la tutelle d’un groupe coopératif. Le Modef n’est pas du tout convaincu par les propos des dirigeants qui se veulent pourtant rassurants.
Delpeyrat : Et les éleveurs dans tout cela ?

Christophe Mesplède, vice-président du Modef des Landes

GRAVITÉ DE LA SITUATION SOUS ESTIMÉE

Dans le quotidien régional, Éric HUMBLOT, directeur de Delpeyrat, confirme ce que « radio canard » disait depuis longtemps, à savoir que l’entreprise enregistre une perte de 34 millions d’euros sur l’exercice 2019/2020 (clôture au 30 juin). Cette perte fait suite à celle de 2018/2019 qui s’élevait à plus de 20 M€ et, à ce moment-là, il n’y avait ni confinement, ni loi Égalim mais plutôt un début de surproduction qui a contraint l’entreprise à brader ses prix et à rogner fortement ses marges commerciales.

Le directeur souligne la confiance apportée par les actionnaires qui ont déboursé 145 M€ pour recapitaliser et donc « boucher les trous » de la holding MVVH (Maïsadour, Vivadour, Val de Sèvre Holding) qui chapeaute plusieurs entreprises dont Delpeyrat, la Comtesse du Barry (qui perd elle aussi de l’argent).

NOTE SALÉE POUR LES COOPÉRATEURS

Parmi les actionnaires, Maïsadour représente 85 % du capital de MVVH. Le groupe coopératif a donc contribué à hauteur de 120 M€, soit 24 000 € par adhérent (si on croit au chiffre des 5 000 adhérents) et 30 000 € (si 4 000 adhérents).

Si le directeur s’en réjouit, les coopérateurs, eux, s’interrogent sur le sort de ce gouffre financier.

La solidarité paysanne au sein de Maïsadour commence à atteindre ses limites, d’autant plus que les capitaux propres sont utilisés, non pas pour investir dans l’avenir, mais pour éviter le redressement d’entreprises telles que Delpeyrat.

LES VÉRITABLES CAUSES

La gestion approximative des volumes mis en production a généré des stocks importants avec, pour conséquence, une situation financière catastrophique.

La communication édulcorée du directeur -et plus largement du groupe- ne rassure pas les coopérateurs qui savent bien qu’il s’agit de leur argent et que, pour l’instant, il est dilapidé pour sauver le soldat MVVH…

La valse des directeurs a commencé, malheureusement, si les agriculteurs-administrateurs ne portent pas des orientations fortes, je crains que ces licenciements ne règlent rien.

LA SOURDE OREILLE

Le Modef n’a eu de cesse d’appeler à un développement raisonnable et cohérent. Cela peut être vérifié dans les PV des réunions, en particulier des sessions chambre d’agriculture.

La plupart du temps, les responsables professionnels de Maïsadour et Delpeyrat nous répondaient, avec l’arrogance qui les caractérise, que tout allait bien, qu’il n’y avait aucune raison de limiter la production. Et, 6 mois avant le premier plan social, ils nous rétorquaient encore cela !

CHANGER DE STRATÉGIE

Ce qui se passe chez Delpeyrat est révélateur de la politique qui vise la production de gros volumes qui devaient être écoulés aisément à bas prix. Avoir besoin de vendre 80 % de ses produits en promotion pose question !

Dans le contexte où, structurellement, les comportements des consommateurs évoluent, où progresse le « manger moins de viande mais mieux », cette stratégie de la banalisation du foie gras est révolue.

Et les agriculteurs dans tout cela ? Qu’en pensent les éleveurs de prêts-à-gaver qui, à marche forcée, ont dû investir entre les deux crises et se retrouvent aujourd’hui avec des bâtiments à payer ?

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